17 mars 2013

Réflexions non comestibles, suite, et conférence de Gary Yourovsky

Il y a un an (presque jour pour jour, curieusement), je m’étais réveillée avec des idées plein la tête que j’avais eu envie de vous faire partager. Il en était ressorti que comme vous l’aurez sans doute remarqué, l’homme a au cours des siècles adopté envers les animaux un comportement passablement incohérent, en en emmenant certains chez le coiffeur (toiletteur, pardon) tout en se délectant des morceaux du cadavre d’un autre. Le summum de l’incohérence étant atteint avec le lapin, tout à la fois aliment et animal de compagnie, et ce dans le même pays.

Cette incohérence est tout de même basée sur une chose qui est probablement l’un des fondements de l’humanité : le désir de domination. De son conjoint, de ses enfants, des gens autour de soi - par exemple en ayant plus d’argent et donc une plus belle voiture - des autres peuples, et, forcément, des animaux. L’homme s’étant auto-proclamé non-animal et au-dessus de tout le monde, aucune créature n’a plus été à l’abri. Elimination des plus forts (trop dangereux), tandis que les plus faibles sont réduits en esclavage et massacrés chaque jour, l’homme ayant déployé des trésors d’imagination pour que chaque partie de leur corps soit exploitée au maximum.

Qu’est-ce qu’on dit aux enfants, pour qu’ils mangent leur viande et boivent leur lait ? « C’est pour que tu sois fort. » Un fier représentant de l’espèce dominante.

Et si nous avions la conscience si tranquille sur tout ça, pourquoi nous donnerions-nous tant de mal pour cacher la réalité de notre exploitation des espèces domestiquées ? La peur, la souffrance, le sang, la lutte, les hurlements, les coups ? Pourquoi ne pas dessiner le cadavre d’un cochon sur les paquets de jambon, la gorge tranchée, en train de se vider de son sang ? Ou bien la photo d’un cochon bien vivant, avec son prénom, sa date de naissance et de mise à mort ? Réponse : parce que les gens n’en achèteraient plus. Sans commentaire.  

La violence des réactions auxquelles les végéta*iens sont régulièrement confrontés montre d’ailleurs bien qu’on touche à un point extrêmement sensible. Remise en cause des notions de bien et de mal communément admises, rappel de la tuerie derrière le morceau de viande dans l’assiette. La justification de cette mise à mort (« J’en ai besoin pour vivre ») vacille dangereusement face à celui qui est la preuve vivante du contraire. On se rabat alors sur l’affirmation de son plaisir personnel : « La viande, c’est bon ». Que dire alors d’un homme qui prend plaisir à taper sur sa femme ?

Le statut d’animal de compagnie n’est finalement qu’une autre forme de domination, l’animal utilisé encore une fois pour répondre aux désirs de son maître humain, il n’y a qu’à apercevoir pour s’en convaincre un chien tiré sans ménagement par sa laisse parce qu’il ne marche pas assez vite ou a eu envie d’aller flairer un lampadaire. Sans parler du business des races et des pedigrees, pendant que les refuges sont pleins d’animaux en attente d’adoption, mais on veut un «    », comme on veut une Mercedes ou des tennis Adidas.

Je suppose que le chat vient quelque peu brouiller les pistes, vu que presque toutes les personnes qui vivent avec un chat et le traitent correctement en conviendront, impossible de dominer ces petits félins farouchement indépendants. Mais disons que c’est l’exception qui confirme la règle.

Mais tout ça pour dire que je viens de revoir la conférence de Gary Yourofsky, conférence que la plupart d’entre vous on certainement déjà vue mais je mets quand même le lien au cas où (version sous titrée en français).


A part redire que cette conférence, proposée aux étudiants de l’université Georgia Tech en 2010, est tout simplement géniale et à mettre devant tous les yeux, j’avais envie d’en citer quelques points en vrac, à ressortir dans les dîners mondains si vous y êtes encore invités :

- il propose à tous ceux qui, non convaincus par ses arguments, voudraient lui prouver qu’ils sont bien de grands prédateurs et carnivores, le défi suivant : une fois la conférence terminée, sortir sur le campus, repérer un écureuil, l’attraper sans aucune arme ou aucun outil ou piège, le tuer avec ses dents, puis le manger entièrement, cru, y compris les yeux, la fourrure, les boyaux…

Personnellement, je demande en général aux gens quelle serait leur première impulsion en apercevant un petit agneau dans un pré (une proie facile, a priori) : le caresser, ou l'égorger d'un coup de dents ?  

- rappel des caractéristiques physiologies des carnivores et omnivores. En bref, nous avons toutes les caractéristiques des herbivores, ou plutôt frugivores, et aucune de celles des carnivores. En particulier un intestin très long, dans lequel la viande passe beaucoup trop de temps avant d'être évacuée et en profite pour produire de chouette toxines. Et OUI, les animaux frugivores ont aussi des CANINES.

- présence dans le lait de vache de composants proches de la morphine, destinés à rendre le veau « accro » au lait de sa mère. Marche apparemment aussi sacrément bien sur les humains. Présence aussi dans ce lait de quantité de pus, conséquence des infections des mamelles dont souffrent les vaches.

- rappel du mécanisme reliant la consommation de protéines animales et l’ostéoporose. Pour simplifier, ces protéines acidifient le sang. Cet état acide étant à terme incompatible avec la vie, le corps va pour le neutraliser puiser dans la seule source de phosphate de calcium disponible dans le corps : le squelette. Le phosphate de calcium est ensuite éliminé dans les urines.

Bref, si vous n’avez pas encore vu cette conférence, faites-le. Si comme moi vous êtes déjà totalement convaincu(e) et ne supportez pas ce genre d’images, rien ne vous empêche de passer les deux vidéos de quelques minutes diffusées pendant la conférence, l’une sur la réalité des abattoirs, et l’autre tournée dans un élevage de vaches laitières.

Mais oui, au fait, c’est vrai, tout ça, ça ne se passe qu’aux Etats-Unis, chez les sauvages. Ici, en France, les animaux sont très bien traités, même que les fermiers font des massages à leurs vaches pour qu’elles donnent un meilleur lait. Si, je vous assure, j’ai vu ça à la télé l’autre jour… Si c’était à la télé, ben c’est forcément vrai. Non ?

14 commentaires:

  1. Un article plein de réalisme !
    Une réalité bien triste malheureusement.

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  2. Bonjour Skylark
    J'ai découvert ton blog et j'adore.
    attirée par une autre alimentation depuis quelques temps, les derniers évènement m'ont conforté dans ma décision. Je te remercie de faire partager ton expérience. J'avoue prendre conseils sur ton blog quand à l'utilisation de produits et l'élaboration de quelques recettes. Merci d'être là et de partager.
    Manouk basée à Thonon

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    1. Merci Manouk ! J'ai créé ce blog précisément dans ce but, et aussi pour casser l'image de la cuisine végétalienne triste et fadasse. N'hésites pas si tu as des questions précises sur un point ou un autre...

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  3. Juste avant la sortie - & le succès - du livre d'Aymeric Caron, j'avais acheté Le Point sur le végétarisme. Dans les articles, les végétariens étaient des "intégristes" d'une "secte" cultivant l'"utopie" d'un monde sans viande. Depuis, je n'ai plus retrouvé ces 3 mots associés au végétarisme et depuis les nombreux scandales alimentaires ont obligé les consommateurs à regarder de plus prêt leurs assiettes.
    De plus, je vois dans le nom pris par le nouveau pape un signe : il est impossible d'ignorer le rôle essentiel joué par Jean-Paul II dans l’effondrement du bloc soviétique, aussi l'homélie de François 1er ce matin sur le "respect pour toute créature de Dieu et pour l'environnement", me laisse entrevoir une révolution éthique où chaque humain devra s'engager en âme et conscience, responsable de son futur.
    Merci pour cet article
    BiZ

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    1. Je ne suis pas sûre que cette triste histoire de cheval/boeuf fasse beaucoup avancer les choses, au moins en France, les gens vont vite se remettre à éviter de se poser des questions, mais petit à petit, j'ose espérer qu'on va finir par progresser.

      A quand un pape végétalien ? ;)

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  4. Le discours de Gary est pour nous, comme pour beaucoup, ce qui nous a poussé dans le véganisme. Moi, j'y allais petit à petit. Zhomme m'a rejoint au cours de mon visionnage, et à la fin, il m'a dit "Allez ! On le fait !".. Et depuis ce jour, plus un seul morceau de viande (j'avais replongé deux semaines après pour le fromage, mais ca m'est vite passé).

    Je pense qu'il est important de communiquer. Il ne faut pas oublier que faire ce choix c'est remettre tout ce qu'on pensait savoir en question. Le partage, c'est l'important. Et pour ça, ce blog est important lui aussi.

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    1. Bonjour Etoile,

      Je n'ai vu ce discours qu'après être passée au véganisme, mais c'est clair qu'il est incroyablement convaincant. Je ne vois pas trop comment les gens ont pu sortir de cette salle de cours et ne pas regarder différemment le contenu de leur assiette...

      Merci pour ta fidélité en tout cas. Je crois que tu es basée en Suisse ? Envisages-tu d'aller à la Veggie Pride, organisée à Genève pour la première fois ?

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    2. En effet, je suis basée en Suisse.
      Et en effet, j'ai prévu d'aller à la Veggie Pride. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre, mais j'y serai. ;)
      J'ai déjà placé mon congé. Prévu la journée. =]

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    3. Cool ! Si ça te dit qu'on se rencontre, j'y serai très certainement aussi, vu que j'habite pas bien loin. J'y étais il y a 2 ans à Paris, et c'était très sympa.

      C'est assez libérateur de beugler des slogans végés dans la rue avec la police qui nous arrête la circulation, et les badauds qui regardent tout ça, l'air abruti... L'union fait la force, comme on dit ;)

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    4. Oh ! Ce serait très sympa, oui !
      Physiquement, je ne connais pas grand monde de végé. Ca me changera de mon clavier !

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    5. Ah, super :) Je te laisse me contacter avec le lien en bas de page, ou avec la nouvelle page Facebook, pour qu'on mette ça au point...

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  5. super article, juste et synthétique, merci !!
    pas toujours évident d'orienter les raleurs ou les curieux vers des articles fleuve comme ceux des cahiers antispécistes ou des "questions composent"...
    les tièdes ou les paresseux ne les lisent pas généralement.
    je vais envoyer du monde sur cet article je pense :P


    j'en profite pour te poser une requette : s'il te plait, tu pourrais nous inventer une recette de financiers ? c'etait trop bon les financiers... :(

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    1. Merci pour tout ça :) Bon, l'article fait suite à celui de l'année dernière, en quelque sorte...

      Et oui, les financiers, c'est super bon ! J'y ai déjà pensé plusieurs fois, mais je vais m'y mettre sérieusement. Par contre, qui dit financiers, dit moule à financiers...

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  6. Pour les financiers, je crois que la recette postée récemment par Isa sur The PPK (Mini Almond Poundcakes) pourrait être pas mal...
    Connais-tu l'excellent blog de Ginny Messina, The Vegan RD? Je te le recommande chaudement, c'est une excellente ressource sur la nutrition vegan, et comme apparemment l'anglais n'est pas un problème pour toi, autant partager!
    Par ailleurs je pense qu'il faut éviter de trop invoquer la science quand on parle de veganisme (GY le fait beaucoup dans son discours), car c'est souvent source de controverse. On sait déjà que l'alimentation végétalienne n'est pas nocive pour la santé, c'est suffisant, pas besoin de toujours essayer de prouver qu'elle est "meilleure" car on n'y arrivera pas et ce n'est pas vraiment la question après tout... (voir http://www.theveganrd.com/2010/11/how-the-health-argument-fails-veganism.html)

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