18 février 2014

Super giga test de fromages végétaux : part 2

Vous voudrez bien, chers lecteurs, excuser ce long silence, mais j'étais occupée ces derniers jours à me bloquer le dos et à essayer différents antalgiques - sans aucun doute testés sur d'innocents animaux au moment de leur élaboration - en attendant mon rendez-vous chez l'ostéopathe. Je sens que c'est mal barré pour l'accès au paradis des véganes. Je peux même pas aller me confesser et sortir la conscience tranquille après une dizaine de génuflexions et de Notre Père (oui, parce que les génuflexions quand on a mal au dos, c'est pas évident). 

Bon. Maintenant que j'ai offensé mes éventuels lecteurs de confession catholique (je peux pas toujours taper sur les végétariens, faut varier un peu), on peut retourner à nos fromages, ou fauxmages. 






* Je commence avec quelque chose de très bon, le Fromage Fort de Vegusto, ou No Muh Rezent/Piquant (photo 1, en haut à droite). Décidément, ces Suisses sont très forts. Un fromage de type pâte cuite affinée, comme un comté, avec un goût prononcé, qui tire plus vers le sucré que vers l'acide. Excellent en tranches fines sur du pain frais ou grillé, râpé sur des pâtes ou du riz ou dans une béchamel. Pas terrible sur une pizza par contre - même ajouté après la sortie du four vu qu'il n'est pas censé fondre et a une texture assez sèche - le goût ne va pas très bien avec la sauce tomate, à mon humble avis. Note : 9/10.




Sheese Strong Cheddar Style (photo 2, en bas à gauche)

Je n'aime pas trop cette variété, contrairement au Medium Cheddar Style. Un peu trop acide pour mon goût, et qui ne donne pas franchement envie d'en reprendre. L'emballage annonce que c'est fondant, melty, d'où l'indispensable test de la pizza (je le sentais pas trop pour le grilled cheese sandwich, autre test hautement scientifique). J'ai ajouté le fromage 5 minutes avant la fin de la cuisson. Il a effectivement fondu, j'ai sorti la pizza, je me suis installée confortablement, et là, catastrophe. C'était vraiment très moyen. Voire pas bon, même, pour être tout à fait honnête. Le processus accentue encore le désagréable goût acide et la texture vaguement farineuse vient se coller sur les dents (je vous rassure un peu, ça part au brossage...). Note : 4/10.




Sheese Red Cheddar Style (photo 2, en haut à gauche)

Alors je crois que ça ressemble beaucoup au Medium Cheddar Style, mais comme entre temps j'ai découvert le Vegusto, j'avoue que je suis moins enthousiaste. Il y a un très léger arrière-goût vanillé qui est assez perturbant dans un fromage. C'était probablement déjà le cas avec l'autre, mais mes attentes devaient être assez limitées, n'ayant à ce moment-là (ma vie avant Vegusto) quasiment pas de point de comparaison. Bref, c'est pas mal, mais c'est pas transcendant. Celui-ci aussi est melty, mais vu le résultat avec le précédent, j'ai préféré éviter... Note : 6/10




* Et enfin, le Creamy Smooth de Tofutti (photo 1, en bas)

Je sais que je vais décevoir une de mes fidèles lectrices, mais je n'ai pas trop aimé. La texture est très riche et crémeuse, bien plus que du Saint-Morêt par exemple, mais le goût ne me rappelle pas un fromage frais animal, ce qui en soi n'est pas dramatique, mais ne me rappelle rien d'autre de particulier non plus. Ou peut-être un goût de soja, ce qui est logique vu que c'est la base du produit.




Comme il fallait bien en faire quelque chose quand même, et que le goût est somme toute assez neutre, j'étais partie sur un cheesecake, avant de m'apercevoir que je n'ai pas le moule qui faut. Et que un cheesecake, c'est gros, que je ne n'aurais pas assez de cream cheese, que même si j'en avais assez j'en aurais marre avant d'en avoir mangé la moitié, et qu'il aurait donc fallu un moule plus petit pour diviser la recette en deux, moule que je n'avais pas non plus. Quand je vous dis que je me tracasse pour vous...

Ca s'est fini, entre ça et le dos, avec un truc beaucoup plus simple : des esquimaux façon cheesecake à la framboise, basés sur la recette de Vegan Desserts d'Hannah Kaminsky.


Pour 6 esquimaux façon cheesecake à la framboise, il vous faut : 

100 g de Creamy Smooth
100 g de yaourt de soja nature
3 c. à soupe de lait de coco
40 g de sucre blond
1,5 c. à café de jus de citron
1/2 c. à café d'extrait de vanille

4 c. à café de confiture de framboises allégée en sucre
une quinzaine de framboises surgelées

des moules à esquimaux (chez Ikea par exemple)

Mixer tous les ingrédients (sauf framboises et confiture) ensemble jusqu'à obtenir une texture lisse.

Ajouter les framboises encore congelées en les émiettant. Ajouter les quatre cuillerées de confiture à différents endroits, puis mélanger un peu avec un couteau fin ou une brochette pour former des marbrures.

Répartir dans des moules à esquimaux jusqu'au niveau indiqué, fermer avec les batonnets et laisser prendre au congel pendant plusieurs heures.













1 février 2014

Hommage : François Cavanna (1923-2014)

"La publicité s'adresse aux imbéciles. Et aux brutes. Toujours. Elle ne fait pas le détail. Elle ne peut pas. Elle doit obtenir l'effet maximum sur le plus grand nombre. [...] Le mauvais goût ne lui fait pas peur. Le mot est faible quand il s'agit des réclames des fabricants de cochonnailles, conserves de viande, condiments, enfin de tout ce qui touche à la bouffe. On y voit des cochons hilares, des bœufs heureux, des agneaux bouclés proclamant bien haut leur joie d'être dévorés sous le label de telle ou telle marque, ou assaisonnés avec telles ou telles épices. [...]

Mais, pauvres tristes brutes, vous ne vous rendez donc pas compte que lorsqu'on a faim et qu'on pense "saucisson" on veut oublier que le saucisson ne pousse pas sur les arbres, on veut surtout oublier le gentil cochon qu'il faut hélas égorger pour avoir le saucisson ? Vous, au contraire, vous nous interdisez d'ignorer le meurtre, vous l'exaltez, vous le rendez allègre et mutin ! Enfin, quoi, rappeler obstinément à vos éventuels clients que la viande que vous leur vantez n'est que de la bête vivante assassinée, ça devrait les rebuter, leur faire horreur, non ?


Vous ricanez, condescendant. Je suis vraiment innocent, hein? Vous, vous savez bien que c'est juste le contraire. Vous savez bien que l'évocation de la bête joyeuse et sans souci éveille chez le brave bougre tout-venant des impressions de bonne santé, de fraîcheur, donc de viande de qualité, et c'est tout ce qui importe. Le cochon rit, rien que ça vous met en joie et en appétit. Peut-être même le rappel que ce qu'on a dans l'assiette, nappé de sauce, fut une bête insouciante qui vivait sa petite vie sans se douter qu'elle n'était que ça : un futur morceau dans votre assiette, puis une future flaque dans vos chiottes, peut-être cette idée contribue-t-elle à votre plaisir, cannibale ! Vous ne subissez nullement à contre-cœur l'obligation maudite de tuer pour manger, de torturer pour chatouiller vos petites papilles gourmandes : votre plaisir en est décuplé, c'est un supplément au programme !


J'ai vu, tout à l'heure aux infos, des "chefs" réputés distribuer des tartines de foie gras aux petits enfants d'une école "pour les initier aux bonnes choses et à la gastronomie, cet art bien français". Les mômes disaient "C'est bon", le présentateur était tout attendri, l'institutrice, flattée de l'honneur, souriait à la caméra... Hé, toi, l'instite, leur as-tu expliqué, à tes merdeux, comment on l'obtient, le foie gras ? Ce que c'est que le gavage des oies ? L'épouvantable supplice qui aboutit à cette rondelle de graisse parfumée ? L'as-tu fait ? Bien sûr que non. Tu es une bonne petite fonctionnaire docile, tu éduques les enfants dans le respect des bonnes choses et de la Tradition... T'es-tu seulement jamais posé la question ?
 
Quelle question ? Il y a une question ?"

Extrait de Coups de sang, Ed. Belfond, 1991


Pour ceux qui se poseraient la question, non, Cavanna n'était pas végétarien, ce qu'on a du mal à comprendre en lisant ce texte et beaucoup d'autres qu'il a écrits, mais bon, c'est comme ça.