15 août 2017

Créer sa boite (vegan) : 8 bonnes raisons

Chers lecteurs, me voilà de retour après un très long silence, pour vous parler un peu de la création d'entreprise (vegan) et de ce que ça fait à votre vie. Il y en a sans doute beaucoup d'autres, mais voilà huit bonnes raisons qui me viennent en tête, si c'est quelque chose qui vous tente ou que vous envisagez. 

1- J’ai pas besoin de vous faire un dessin pour vous expliquer ce que ça représente d’être vegan et de travailler dans une entreprise vegan. C’est clairement le pied absolu, avec une correspondance entre tes valeurs les plus fondamentales et ce qui t’occupe 8 heures (enfin plutôt 12 heures en ce qui me concerne) par jour. Tu vas bosser, mais tu vas militer en même temps, et tu as enfin l’impression de travailler pour quelque chose qui en vaut la peine et de faire une petite différence sur cette pauvre planète qui en a bien besoin.

2- C’est un grand bonheur pour moi d’être seule aux manettes et de ne plus avoir aucun supérieur hiérarchique plus ou moins compétent au-dessus de moi. Pas de comptes à rendre (à part à mon banquier, mais du moment qu’il y a de l’argent sur le compte, il est content), personne à consulter pour prendre des décisions, plus d’entretiens d’évaluation, de notations basées sur rien, de formations inutiles, et surtout, surtout, plus de réunions !!! 

3- Bien sûr, ça veut aussi dire plus de salaire fixe qui tombe quoi qu’il arrive à la fin du mois. Alors c’est facile de dire ça quand on a une entreprise qui fonctionne bien, et je n’ose même pas imaginer comment on doit se sentir quand on rame les premiers mois d’une création, mais il y a une grande satisfaction à constater que tes efforts ont un effet immédiat sur ton chiffre d’affaire. Tu travailles pour toi, plus pour un patron ou une administration, et quand tu bosses plus dur, c’est pour toi, et ça se répercute sur tes revenus, alors que bien souvent, en tant que salarié, ou encore plus en tant que fonctionnaire, tu es payé exactement de la même façon que le gars qui n’en fout pas une dans le bureau à côté. 

4- En travaillant dans un resto, plus besoin de prévoir ses repas la veille et de les trimballer dans des petites boites, ce qui est juste pour moi l’un des trucs les plus pénibles au monde.

Fini aussi les commentaires pénibles et non sollicités des collègues sur le contenu de ton assiette, venant en général de personnes qui se nourrissent de jambon industriel et de coquillettes mais pensent que la bouffe vegan, « c’est vraiment limité ». 

Et en n’ayant pas vraiment le temps de s’arrêter pour manger, plus de pause déjeuner, qui m’ont toujours cassé les pieds de toute façon. Soit on a le temps de rentrer chez soi manger et du coup pas du tout envie de retourner au travail après, soit on mange sur place dans une salle de pause sinistre qui pue le poisson réchauffé au micro-ondes, puis on passe le reste de sa pause à trainer sur Facebook ou à glander en ville en regardant dans les vitrines des trucs qu’on peut pas se payer et dont on a de toute façon pas besoin. 

5- Niveau estime de soi, c’est clairement pas la même chose d’avoir réussi à créer sa boite et à la faire tourner, ou d’aller chaque matin faire un boulot rasoir et sans intérêt à ses propres yeux. On n’est tout simplement pas la même personne dans sa tête ou quand on se regarde dans le miroir, et ça a des répercussions positives sur la vie en général. 

6- Sur le même plan, il y a peu de choses plus gratifiantes professionnellement que d’avoir face à soi des clients adorables et ravis de ce que vous leur proposez, qui vous remercient d’avoir ouvert votre commerce et vous recommandent de vous ménager et de faire attention à vous parce qu’ils ne veulent surtout pas que vous fermiez. Mes clients, je vous aime, voilà, c'est dit.

7- Même s'il faut se concentrer à certains moments pour éviter les bêtises potentiellement dangereuses, et aller très vite à d’autres, la cuisine laisse une zone du cerveau disponible pour écouter la radio, et permet de s’instruire en travaillant en écoutant des tas d’émissions passionnantes, ou de danser en agitant des poireaux sur une chanson de Michael Jackson.

8- Et c’est peut-être un détail, mais le fait de ne pas passer sa journée assis devant un ordinateur, en plus de prolonger son espérance de vie et d’éviter de se flinguer les yeux, a un effet très positif sur l’épiderme fessier. En gros, pour avoir les fesses douces, bossez debout.

Alors il y a bien évidemment des points négatifs, faut pas rêver non plus. Oubliées les 35h, les RTT, les congés payés, les ponts, les fins de journée à 17h, les arrêts maladie sans aucune conséquence et les avantages divers et variés. Ton travail devient le centre de ta vie, et te suit souvent chez toi pendant tes jours de repos, parce qu’il y a tout simplement pas assez d’heures dans une journée pour tout faire. 

Pendant la création de ton entreprise, tu seras confronté à ce que j’appelle la dictature administrative, avec des dossiers absurdes à déposer, qui sont tellement compliqués à remplir que tu devras payer quelqu’un pour le faire. Si tu as la chance d’ouvrir ton commerce dans une zone urbaine classée, tu feras connaissance avec les ABF, les Architectes des Bâtiments de France, et alors là bon courage, parce que ça va être long et difficile et ça te donnera envie de taper quelqu’un avec un rouleau à pâtisserie.

En travaillant seul, tu dois tout gérer en plus de la base de ton boulot qui est de cuisiner et de servir tes clients, depuis le ménage jusqu’à la chasse d’eau en panne, en passant par les commandes aux fournisseurs, la recherche de nouveaux fournisseurs quand ça se passe mal, la réception des commandes, parfois abîmées, parfois en retard, la compta, parce que même avec un expert-comptable il y a toujours du boulot, la com sur les réseaux sociaux et ailleurs, et j’en oublie. Mais en même temps, tu as une paix royale, et ça, ça n’a tout simplement pas de prix.