16 décembre 2015

Chroniques #2 : Coming out

Ce qui est curieux avec le véganisme, c’est que souvent, le plus difficile n’est pas de sauter le pas, mais de dire qu’on l’a fait. Faire son coming out, quoi. Sortir du placard.

Alors bien sûr, c’est quand même assez rare de passer directement d’omnivore sans scrupules à végane, même si ça c’est vu, des cas de conversion fulgurante, par exemple après avoir regardé Earthlings ou un autre truc du genre qui vous aura bien retourné le cœur et le reste. La plupart d’entre nous, tout de même, sont passés par la case végétarisme, voire végétalisme avant de faire le grand saut. La transition se fait parfois petit à petit, en éliminant d’abord le cuir, puis les cosmétiques testés, puis ce chandail tricoté par mamie qu’on aimait tant, puis les croissants du petit déjeuner, et ainsi de suite, ou bien d’un coup, sur une impulsion, en éliminant brusquement de son foyer tout ce qui a trait de près ou de loin à l’exploitation animale (bon, pour ça, mieux vaut avoir gagné au Loto quand même).

Si cette transition s’est faite progressivement, votre entourage devrait être plus ou moins préparé, même si ça ne vous empêchera pas d’être informé, en vrac, qu’il faut absolument manger du fromage « pour les omégas 3 » [sic], que le soja rend stérile et que tous les végétaliens ont les dents qui tombent après 40 ans. Votre mère, très attachée à ses pulls en pure laine vierge, vous mettra en garde sur les méfaits des chaussures sans cuir et des couettes sans plumes. Votre grand-mère simulera un malaise lorsque vous lui apprendrez que non, plus jamais vous ne mangerez son célèbre saucisson brioché (ça fait déjà quatre ans que vous êtes végétarien, mais elle fait semblant de ne pas être au courant à chaque fois que vous allez la voir). Les personnes qui avaient plus ou moins accepté de ne pas vous voir manger de viande s’étonnent : « Mais le lait, ça leur fait pas de mal, ça, le lait ? Si ? ». Si.

Et alors si vous y allez d’un coup, là, je vous dis pas, il y a des chances pour que votre liste d’amis sur Facebook fonde comme neige au soleil, ce qui n’est probablement pas très grave. Vous pouvez adapter votre coming out au public visé et à l’occasion : un petit mot sur les réseaux sociaux pour ceux qui en font partie ; un dîner pour expliquer plus en détail aux amis proches ; et un repas de famille pour… la famille, histoire de mettre un peu d’ambiance autour de la galette des rois.

L’avantage de cette explication claire de ce que vous êtes et de ce en quoi vous croyez, c’est d’abord de rendre le véganisme visible. Etre un végane « caché » n’aide pas le reste de la population à prendre conscience de notre existence et de nos valeurs. Et d’autre part, elle facilitera considérablement votre vie sociale, en évitant les explications embarrassantes suivant chaque invitation à dîner ou les cadeaux 100% non véganes que vous devrez accepter par politesse en grinçant des dents.

C’est aussi la meilleure des façons de faire des émules autour de vous. Très honnêtement, il y a peu de chances que vous convainquiez quelqu’un dans la rue juste avec votre beau tee-shirt « Proud to be vegan » rapporté du dernier VegFest. Par contre, en expliquant vos motivations et en discutant calmement avec vos amis et votre famille, il y a de fortes chances pour que chez au moins quelques uns d’entre eux, une petite graine soit semée et que, qui sait, ils décident un jour de tenter à leur tour l’aventure.

Des gens vont probablement disparaître de votre vie, mais d’autres vont apparaître, avec qui vous partagez enfin les choses essentielles, avec qui vous vous sentez, enfin, totalement libre.

15 novembre 2015

Chroniques #1 : L'invitation à dîner

Vous avez fait une erreur. Une grosse erreur. Tout ce qu’il ne faut pas faire. Vous le regrettez maintenant amèrement, mais c’est trop tard, vous y êtes jusqu’au cou, et sans échappatoire possible, à part peut-être en simulant un malaise, mais le théâtre, c’est pas trop votre truc. Alors voilà, il va falloir assumer et faire en sorte de vous sortir de ce mauvais pas.

Vous avez accepté une invitation à dîner chez des omnivores pur jus qui pensent que le véganisme est un genre de maladie tropicale, vous connaissent à peine et ne savent donc pas quel animal étrange vous êtes. Bien sûr, vous n’avez rien précisé lors de l’invitation, c’est délicat tout de même : « Mais volontiers, samedi soir à 20h, pas de problème, et vous comptez faire quoi à manger ? Une choucroute ? Ah, c’est ennuyeux… ». Vous n’avez pas non plus rappelé vos hôtes quelques jours avant le fameux dîner pour éclaircir les choses, parce que c’est toujours aussi délicat: « Et cette choucroute, heu, vous la cuisinez au saindoux, ou à l’huile d’olive ? » Mais c’est bien fait pour vous, quelle idée aussi d’aller vous fourrer dans ce guêpier.

Arrive l’apéritif. Prévoyant, vous monopolisez les olives et les cacahuètes, essayant d’emmagasiner les calories. Là, vous avez encore une dernière chance de vous en sortir à peu près dignement en allant faire un tour à la cuisine pour informer la personne aux fourneaux de vos extravagances alimentaires et essayer de voir si vous pouvez d’une façon ou d’une autre regrouper sur une assiette certains éléments comestibles du repas. Demandez d’abord ce qui sent si bon (oui, même si l’odeur vous soulève le cœur, de la politesse, que diable) : s’il s’agit d’une bouillabaisse, d’une tartiflette ou d’une fondue trois fromages, vous pouvez retourner à vos olives ; pas d’espoir de ce côté-là.

Si vous avez laissé les choses s’envenimer au point de vous retrouver assis à table sans avoir abordé le sujet, eh bien il n’y a plus grand-chose à faire pour vous. Vous filez un très mauvais coton. Pas parce que votre assiette va certainement rester vide ; sauter un repas, surtout après avoir avalé l’intégralité des apports quotidiens caloriques recommandés sous forme de chips et d’amandes grillées n’a jamais tué personne, au contraire. Mais parce que TOUT LE MONDE va remarquer que votre assiette est vide. Et en premier vos hôtes, qui vont a) vous en vouloir de ne pas manger ce qu’ils ont préparé b) se sentir coupables d’avoir un invité qui n’a rien dans son assiette.

Comme bien sûr ils ne voudront rien entendre de vos : « Mais ça n’a aucune importance, de toute façon je n’ai plus vraiment faim » et autres : « Surtout ne vous cassez pas la tête pour moi », il s’ensuivra une longue exploration de la cuisine destinée à mettre la main sur quelque chose qu'ils pensent que vous pouvez manger, et vous finirez attablé devant une boite de pois chiches d'un kilo ou un saladier de riz nature, qu’il vous faudra bien sûr terminer tout en exprimant bruyamment votre satisfaction.

Si vous avez de la chance et tombez sur des convives suffisamment polis (ou amorphes) pour lâcher l’affaire, l’incident sera clos (enfin, jusqu'au dessert, lorsque vous refuserez la mousse au chocolat…). Sinon, à l’humiliation déjà subie s’ajoutera probablement une interminable discussion générale sur votre mode de vie lorsque le gros type rougeaud assis en face de vous lancera, en mâchonnant son entrecôte : « Végétalien ? Quelle tristesse… » et que vous ne pourrez pas vous empêcher de répondre qu’effectivement, rien n’est plus follement gai qu’un abattoir ou un élevage industriel.

Une fois rentré chez vous et occupé à terminer une délicieuse tarte aux fraises maison, vous vous direz que le point positif de l’affaire, c’est que la prochaine fois, vous penserez à préparer le terrain avant de vous lancer dans ce genre d’aventure. Et l’autre bonne nouvelle, c’est que vous n’aurez pas besoin de trouver une excuse pour éviter de retourner manger chez ces gens, parce qu’il y a vraiment très peu de chances qu’ils vous invitent à nouveau.

31 octobre 2015

Brèves de standard

En ce moment, pour quelques semaines et parce que j’ai besoin de sous (vraiment dommage que les véganes ne se nourrissent pas réellement d’herbe, de pommes de pin et de cailloux), je fais un boulot à la con. Je suis téléopératrice dans une société de chauffage. J’ai un casque-micro sur la tête, un truc qui passe l’envie de se coiffer joliment le matin parce que ça s’accroche et vous tire des mèches dans tous les sens, mais qui permet d’avoir la paix parce que les gens ne savent jamais très bien si vous êtes en ligne en train d’écouter quelqu’un vous raconter sa vie, ou juste en train de rêvasser à un avenir meilleur.

Je prends en majorité des demandes de dépannage, c’est un peu le bureau des plaintes et des réclamations. Trop froid ou trop chaud, douches glacées ou bouillantes, pannes de VMC et champignons dans la salle de bain, fuites plus ou moins spectaculaires, et puis ceux qui ne peuvent pas dormir parce qu'ils entendent l'eau couler dans les radiateurs ou le bruit de la chaudière située dix étages plus bas... Des gens gentils, d’autres pas du tout, des patients, des énervés, des lents, des excités, des bizarres, des malades, des dépressifs…

Une personne sur trois, à la louche, ne connaît pas par cœur son numéro de téléphone. L’a noté quelque part, mais jamais à côté de l’endroit d’où elle téléphone, par exemple sur un papier rangé au fond de son sac à main (les petites mamies) ou dans une pièce de l’appartement où ça ne capte pas. Il y a aussi ceux qui le connaissent pas bien mais qui tentent quand même, se mélangent les pinceaux pendant cinq minutes  - 69, non, 39, non 69, enfin 79 ! - puis s’énervent parce qu’on leur fait répéter

Best-of :

« Ben je m’appelle jamais. »

« J’en ai changé l’année dernière. »

« Attendez, je cherche un crayon. » Pour quoi faire, pour l’écrire sur le mur une bonne fois pour toutes ?

Il y en a aussi qui ne savent pas très bien où ils habitent… Ils doivent déménager souvent, en plus de changer tout le temps de numéro de téléphone… Ou alors ils s’écrivent jamais…

Et puis il y a les gens qui donnent leur adresse, leur nom ou celui de leur société à toute vitesse, et refont pareil quand on leur demande de répéter. Si on a pas compris la première fois, la deuxième ça sera pareil. Et la troisième aussi.

Ceux qui appellent avec la télé à fond, et qui vous font tout répéter. Ou avec les gosses à fond. « Mon chéri, arrête, tu vois bien que maman est au téléphone » (efficacité = zéro), ou version trash, « Putain tu vas la boucler, j’entends rien à c’qu’elle me dit ! » (efficacité = idem). 

Ceux qui vous rendent dingue : ‘Madame, vous n’avez pas besoin d’un dépannage, vous avez bien la température contractuelle de 19°C chez vous, vous venez de me le dire’. – ‘Mais je veux que le technicien passe quand même chez moi, j’ai mis le thermostat à 21°C, ça devrait monter à 21°C’. – ‘Mais Madame, je viens de vous dire que vous n’aviez pas de panne, que vous avez la température prévue dans votre résidence, c’est réglé comme ça en chaufferie, ça montera pas plus haut, même si vous mettez votre thermostat sur 35°C’ – ‘Oui eh bien vous dites à un technicien de venir me régler le chauffage, j’ai mis sur 21°C et j’ai que 19°C’………………

Ceux qui n'ont pas de thermomètre (99%). C'est sûr qu'à 3 euros en moyenne, c'est un gros investissement, comparé à un écran plat ou au dernier smartphone. On tombe alors dans des notions extrêmement vagues de ressentis subjectifs de la température ambiante de l'appartement, à coups de « Je gèle », « Il fait plus chaud chez ma voisine », « Mon bébé a les pieds froids, donc il fait moins de 19°C », ou encore « Je suis obligé de mettre un pull chez moi. » En novembre. Scandaleux, vraiment.

Ceux qui appellent, ne disent rien pendant 20 bonnes secondes, et ont finalement l’air étonnés de vous avoir au téléphone. Genre, en fait c’est vous qui les avez appelés, et ils ne savent pas particulièrement pourquoi. 

Ceux qui font des enquêtes téléphoniques, ont deux de tension et le niveau d’élocution d’un enfant du même âge, vous posent plein de questions sans intérêt en butant sur les mots (alors que non de non, ils sont pas censés répéter les mêmes phrases toute la journée ??), et s’énervent quand vous leur dites que vous n’avez pas le temps et d’autres lignes qui sonnent.  

Et puis le top du top : les affreuses méchantes aigries qui gueulent dans le fond pendant que le mari ramollo téléphone (probablement avec le haut-parleur). « Elle est blonde, cette gourde ? » « Mais elle comprend rien celle-là, c’est pas possible ! »

Le soir, quand je sors, je suis toute remplie d’amour pour l’espèce humaine…  

18 octobre 2015

Terrine de champignons

Résultat d'une improvisation totale à la fin d'une journée marathon en cuisine, testée et approuvée devant Planète Sauvage le 10 octobre, cette terrine de champignons est parfaite dans des sandwichs avec de la salade et des fines herbes, ou tartinée sur du bon pain grillé à l'apéritif...



500 g de champignons de Paris
1 grosse échalote
8 cl de vin blanc sec
1 sachet (5 g) de soupe instantanée aux cèpes Potabio
150 g de tofu soyeux
1 c. à café d'oignon désydraté
2 c. à soupe de levure de bière
3 c. à café de tamari
huile d'olive
sel
thym

Faire revenir l'échalote hachée dans de l'huile d'olive. Ajouter les champignons coupés en tranches et faire revenir jusqu'à ce qu'ils commencent à dorer. Ajouter un peu de thym, saler.

Mixer avec le reste des ingrédients jusqu'à obtenir une texture lisse. Verser dans un plat à four ou un moule à terrine graissé, égaliser le dessus avec une spatule, et cuire 30 minutes dans un four préchauffé à 180°C.

Bon tiède ou froid. Se conserve au frais quelques jours. 


3 octobre 2015

Le tofu pour les nuls

Suite au récit de deux amis en transition vers le végétalisme de la première apparition - légèrement désastreuse - du tofu dans leur cuisine et leur assiette, voici quelques conseils de base destinés aux débutants cherchant à apprivoiser, et si possible manger, cette drôle de pâte blanche.




D’abord, on ne le répètera jamais assez : LE TOFU NE SE MANGE PAS TEL QUEL !!! A part dans la soupe au miso japonaise dans laquelle vous n’avez qu’à balancer vos dés de tofu - du tofu type Mori-Nu, attention, c'est-à-dire un tofu ferme soyeux, qui ne se trouve en France que dans les épiceries asiatiques… je sens que je viens déjà de perdre du monde en route !

On oublie la soupe au miso. Vous en mangerez au resto. Il y a – en France – deux grandes catégories de tofu : le ferme et le soyeux. Les deux se trouvent principalement en magasin bio (je ne peux que vous conseiller d’éviter le tofu longue conservation Bjorg vendu en GMS, au goût et à l’odeur franchement bizarres). Et puis après on a toutes les préparations à base de tofu, toujours vendues en mag bio, genre Croq’ Tofu (horreur !) ou, nettement mieux, les ‘steaks’ de tofu Taifun, ou encore les tofus aromatisés Tossolia

Mais donc, que faire avec du tofu nature. Le soyeux est à utiliser en remplacement des œufs (combiné quand même à autre chose comme de la fécule ou de l'agar agar), dans les flans, crèmes, appareils à tarte, clafoutis, cheesecakes, etc… 

Le tofu ferme peut se cuisiner de quantités de façons différentes, mais comme j’essaie de rendre les choses simples, je vous propose quelques techniques pas compliquées et ne nécessitant pas une liste d’ingrédients longue comme le bras ou à aller chercher aux quatre coins de la ville.

Deux grandes options : le mariné et le pas mariné. L’option 2 a l’avantage d’éviter le temps de pause obligatoire de la marinade et donc de pas devoir prévoir quinze plombes à l'avance ce qu'on va manger.

A) On commence par le tofu pas mariné, tel quel, juste sorti du paquet : 

1) Emietté (pas trop fin), et sauté à la poêle dans de la matière grasse jusqu’à ce qu’il soit bien doré et croustillant. 




Quand c’est bon, hop, on ajoute de la sauce soja / tamari / shoyu, et des épices au choix : ail déshydraté, paprika, cumin, herbes diverses, curcuma, curry… puis servir dans une assiette de céréales et de légumes, sur des pâtes, avec des légumes sautés et des pâtes asiatiques… Quelques recettes utilisant cette technique : 


2) Coupé en petits cubes, et sauté à nouveau à la poêle avec de la matière grasse, jusqu’à ce que les côtés soient bien dorés (pas besoin de faire tous les côtés, retourner une fois c’est bien). Quand c’est fait, on baisse le feu au minimum, et on ajoute ail et oignon déshydraté, puis de la levure de bière en paillettes, on mélange bien et on ajoute de la sauce soja en répartissant sur les cubes. On mélange pour enrober les cubes, et c’est bon. Très bon avec du riz, une céréale, des pommes de terre vapeur ou en purée et des légumes cuisinés à la provençale (tomates, courgettes, aubergines…). Recette ici.




B) Tofu mariné : consiste à faire reposer le tofu (déjà coupé en cubes, tranches, petits cœurs ou ce qui vous fait plaisir) dans une marinade pour lui donner du goût AVANT de le faire cuire. On pourra ensuite rajouter une partie de la marinade dans la poêle en fin de cuisson. Le temps de pause est variable, sachant que plus vous attendrez, plus votre tofu aura du goût. Vous pouvez par exemple tout préparer le soir, mettre au frais, et cuire votre tofu le lendemain midi. Ou à midi pour le soir. Les possibilités de marinades sont presque infinies, mais je vous en propose deux assez basiques :

- Asiatique : sauce soja + ail écrasé + gingembre frais râpé + jus citron + un peu d'eau. Vous pouvez aussi ajouter un peu de sucre ou sirop d’agave pour un côté plus sucré - salé. 

- Italienne : concentré de tomate ou sauce tomate + huile d’olive + herbes Provence ou thym + oignon poudre + sel + jus de citron + un peu d’eau.

Une fois le tofu mariné, vous le faites dorer à la poêle, et c’est fini. Vous pouvez rajouter un peu de la marinade dessus dans votre assiette ou l’utiliser pour assaisonner ce qui accompagne votre tofu (céréales, pâtes, légumes…). 




18 septembre 2015

En direct du trou noir de la crétinerie administrative

Certains d’entre vous le savent, j’ai mis fin l’année dernière à une longue relation avec la Fonction Publique, pour finalement, après quelques péripéties hivernales, retomber dans les bras visqueux d’un autre monstre administratif, Pôle Emploi. 

Avant de dire adieu à cette chère Fonction Publique, j’ai tout de même pris la précaution, en cas de malheur, de demander ma mise en disponibilité, parce que selon certains, dont mes supérieurs, ça pouvait servir, et pas qu’un peu. Comme ça coutait pas plus cher, j’ai demandé, et obtenu, cette fameuse mise en disponibilité. 

Pendant la première année, ça n’a eu strictement aucun effet, positif ou négatif, mais comme encore une fois ça ne coutait pas plus cher que le prix d’un timbre, j’ai demandé le renouvellement pour un an de ce statut. Et c’est là que mes ennuis ont commencé. 

D’abord, je tiens à préciser que le fait d’être en disponibilité, à part si vous retournez dans votre collectivité d’origine, mais si je suis partie c’est pas pour rien, n’est absolument d’aucune utilité pour retrouver un emploi ailleurs dans cette fameuse fonction publique. 

Ce qu’il faut en revanche savoir, c’est que ce statut, en plus de ne vous apporter aucun avantage et d’embrouiller vos conseillers Pôle Emploi, va par contre sérieusement vous pourrir la vie.

Cas n° 1 : vous souhaitez effectuer une formation, pour devenir plus compétent dans quelque chose et avoir une chance de trouver du boulot. Vous appelez votre conseillère Pôle Emploi, qui vous demande d’une voix flûtée si vous avez sous la main votre attestation de compte DIF, qui, elle ajoute, s’est transformé en CPF le 1er janvier 2015, et que votre collectivité d’origine était censée vous avoir transmis à l’occasion de ladite transformation. 

Bien sûr, vous ne l’avez pas, appel à votre collectivité qui miraculeusement vous renvoie l’attestation le jour même (je sais, ça devrait figurer dans le Guinness…), ce qui vous permet de vous précipiter, plein d’allégresse, sur le site du gouvernement vous permettant de transformer votre DIF en CPF.
Et là, au moment où vous cliquez sur Valider, un petit encart vous informe que si d’aventure vous êtes fonctionnaire, votre DIF ne se transforme pas en CPF mais reste un DIF et merci de contacter les autorités compétentes.

Re-téléphone à la Conseillère. Laquelle dit que oui, effectivement, dans ce cas, il faut qu’on contacte notre collectivité d’origine, qui gère notre DIF et nos formations passées et futures.
Et deux jours plus tard, notre collectivité nous indique que ‘Chère Madame, étant actuellement en disponibilité, vous ne pouvez pas bénéficier de vos heures DIF et devez au préalable réintégrer la collectivité pour pouvoir le faire.’

Je ne crois pas me tromper en disant que le cas n° 1 se passe de tout commentaire.


Cas n° 2 : votre année de disponibilité se terminant le 31 juillet, vous avez prudemment envoyé votre demande de renouvellement début juin, considérant que c’est laaaarge. Début septembre, vous n’avez toujours pas de réponse malgré quelques relances, et c’est là que Pôle Emploi, dans sa sagesse incomparable, décide de vous couper les vivres parce que vous ne lui avez pas transmis le courrier de renouvellement de votre disponibilité. 

Si le Dr. Who lit mon blog, j’ai besoin du Tardis pour retourner dans le passé et aller

1) déchirer ma lettre de demande de mise en disponibilité

2) casser la gueule au gars qui a inventé l’administration. Je sais pas qui c’était, ni pourquoi il en voulait autant à l’humanité, si c’était parce que sa maman l’avait pas assez embrassé ou lui avait un peu trop tapé la tête contre le mur de la caverne, mais franchement, mec, ce jour-là, t’aurais mieux fait de rester au lit.
   


14 septembre 2015

VegFest breton

Bon, voilà, j'ai encore disparu pendant un mois, ça va pas du tout. Bientôt sur le blog, quelques conseils d'amie pour organiser une grosse vente caritative de gâteaux vegan sans devenir dingue, mais aujourd'hui je reviens tout juste du VegFest breton, organisé par le Collectif Antispéciste BMO, et j'ai réussi à récupérer suffisamment pour vous faire un petit post sur le sujet. 

Alors je sais pas trop quand et où a eu lieu le premier VegFest, difficile de trouver des infos sur le net, si quelqu'un a envie de prendre ça comme sujet de thèse, mais l'un des précurseurs en Europe est sûrement celui de Bristol au Pays de Galles, lancé en 2003, et qui est devenu aujourd'hui un méga évènement (ok, seulement sur la planète vegan, mais moi c'est sur cette planète que j'habite) et le plus gros rassemblement vegan d'Europe. 

En France on est comme d'habitude totalement à la ramasse sur le sujet, mais des petits évènements commencent à voir le jour ici et là, et comme Landeleau, Finistère, c'est pas trop loin de Nantes, sans être exactement à côté, on est partis là-bas célébrer le véganisme, boire de la bière bretonne artisanale non filtrée et écouter des concerts de rock arnarcho-punk allemand. 

Le lieu est très agréable, en pleine campagne et au bord d'une rivière, avec un grand terrain pour planter la tente, des toilettes, et... c'est tout ! Mais on va pas à un festival pour prendre des douches et être propre, on y va pour la boue, le bordel jusqu'à 6 heures du mat et le café à la poêle le matin parce qu'on a oublié les casseroles. 

Tout était plus ou moins en prix libre, à part la bière, avec des bénéfices entièrement reversés à un refuge pour animaux de ferme sauvés de l'abattoir. Au programme, ateliers cuisine, cosmétiques, sérigraphie, cueillette de plantes comestibles, coloriages pour les marmots, de la doc végane, des stands avec quelques trucs à vendre, une cantine vegan avec le choix entre une assiette de crudités et falafels ou un kebab vegan au seitan (très bon, je me suis juste jetée dessus avant de penser à prendre une photo...). Des rumeurs ont couru sur l'existence de glaces et de desserts, mais on les cherche encore. Et le soir, ouverture du bar et concerts qui font bien du bruit. Au final, un public très anarcho-punk comme la musique (jamais vu autant de blousons à pointes) mais une bonne ambiance générale sous le soleil de Bretagne. 


















10 août 2015

Gâteau meringué aux amandes et aux groseilles

Ca a été long, mais on y est arrivé ! Tout a commencé un jour de juillet, quand j'ai vu sur le groupe Facebook Vegan Meringue - Hits & Misses ("réussites et ratages") la photo d'un splendide gâteau allemand au nom imprononçable que je me suis aussitôt empressée d'oublier et que je n'ai pas réussi à retrouver depuis, pas plus que le post en question. J'avais ouvert le lien dans un onglet différent, mais Windows a peu après décidé que ça serait une bonne idée de faire une de ces saletés de mises à jour qui démarrent d'un coup en vous laissant environ une micro-seconde pour sauvegarder tout ce que vous étiez en train de faire. "Voulez-vous enregistrer vos modifications ?" "Oui ? Non ? Trop Tard !! Dommage !!" Bref, je ne pourrai jamais vous donner le nom de ce gâteau allemand. J'ai cherché "Johannisbeere Kuchen" ("gâteau aux groseilles" pour les non germanistes), mais ça n'a pas aidé, ça ne me donne que ça, justement, des recettes de Johannisbeere Kuchen, mais pas du Johannisbeere Kuchen que je cherche, qui est un Johannisbeere Kuchen mais qui ne s'appelle pas comme ça. Les allemands sont des gens compliqués.

Et donc en fait, cette photo de gâteau meringué aux groseilles m'a tout de suite fait penser avec beaucoup de nostalgie à mon dessert préféré, période pré-véganisme : la tarte meringuée aux groseilles de ma soeur. Une institution, préparée une fois par an après la récolte de groseilles (et vallait mieux pas la faire plus souvent, vu la puissance calorique de la chose), composée d'une pâte sablée, d'une crème aux amandes, le tout surmonté de meringue et des groseilles. Fermez les yeux, et imaginez la splendeur de toutes ces saveurs et textures, sucré régressif de la meringue, profondeur des amandes, acidité parfumée des groseilles...  

Inspirée par notre gâteau allemand, j'ai un peu simplifié et allégé tout ça, mais en gardant l'essentiel, je dirais même l'essence de la tarte, le trio gagnant amandes-groseilles-meringues, avec une base de biscuit moelleux aux amandes (petites modifications sur cette recette), recouverte de meringue végane à base d'aquafaba (jus de pois chiches, mais c'est tellement plus joli) et de groseilles. 






Pour un plat à tarte ou un moule rond de 27 cm de diamètre. 


** Biscuit moelleux aux amandes

140 g de farine
50 g d'amandes en poudre (sans la peau)
80 g de sucre blond
1/2 mesure c. à café de substitut d'oeuf NoEgg Orgran
1 pincée de bicarbonate
1 c. à café de levure chimique
sel

15 cl de lait de soja
2 c. à soupe de yaourt de soja
8 cl de margarine fondue (ou d'huile de colza)
1/2 c. à café de vinaigre de cidre
1 c. à café de vanille liquide
1,5 c. à café d'extrait d'amande amère


** Meringue 

100 g d'aquafaba (jus de cuisson de pois chiches) mis au frais pendant quelques heures
150 g de sucre glace
quelques gouttes de vinaigre de cidre, ou une pincée de crème de tartre

groseilles (environ 250 g)


Préparer le biscuit aux amandes :

Préchauffer le four à 180°C. 

Passer la poudre d'amandes au mixer ou blender pendant 1 minute pour obtenir une texture plus fine.

Comme pour une pâte à muffin, mélanger le sec d'un côté et le liquide de l'autre. Ajouter le liquide au sec, mélanger juste assez pour incorporer la farine, puis verser dans un moule rond graissé et cuire 20 à 25 minutes à 180°C.

Sortir le gâteau et baisser le four à 140°C.

Laisser refroidir dans le moule. Pendant ce temps, préparer la meringue :

Mettre l'aquafaba dans un grand bol mélangeur, ajouter le vinaigre, et battre au batteur électrique jusqu'à obtenir une texture très ferme, qui ne bouge pas si on penche le bol.



Ajouter ensuite petit à petit le sucre glace en continuant de fouetter pendant quelques minutes. La préparation va devenir brillante et assez collante.



Mettre un tiers de la meringue de côté, puis ajouter les groseilles aux deux tiers restants, et mélanger délicatement avec une spatule souple.



Répartir le mélange meringue - groseilles sur le gâteau à la cuillère (pas grave si il est encore chaud).

Ajouter ensuite par dessus la meringue sans groseilles réservée, à la poche à douille si vous avez en faisant des jolis motifs, ou sinon toujours à la cuillère ou à la spatule.




Remettre au four pendant 15 minutes à 140°C, pas trop haut sinon votre meringue va brûler. Surveiller attentivement et baisser le four ou ouvrir la porte si ça va trop vite. Le dessus va former une petite croûte mais le reste de la meringue va rester très mou.

Laisser refroidir complètement avant de servir. Pour couper plus facilement des parts, huiler la lame du couteau avec un bout de papier absorbant entre chaque part.

30 juin 2015

Pour Kathy, Freya et tous les autres

Chaque année à partir de septembre et pendant plusieurs mois, des centaines de dauphins, ces animaux magiques et extraordinaires, sont massacrés au Japon dans la petite ville de Taiji. A l'aube, les bateaux de pêche partent vers le large, repèrent les 'pods', petits groupes à la vie sociale élaborée et constitués par affinités, puis les rabattent vers le rivage en créant un mur sonore à l'aide de grandes tiges métalliques. Les dauphins, cherchant à échapper à ce bruit insupportable pour eux, nagent vers la côte. Des filets sont ensuite déployés par les bateaux pour les enfermer dans une crique, où ils tenteront désespérément de s'enfuir pendant des heures avant d'être massacrés à coups de lance et de couteau. 

La seule et unique raison de ce massacre, ce sont les delphinariums, les parcs d'attraction proposant au public des spectacles mettant en scène des dauphins, qui sautent dans des cerceaux et font des pirouettes en l'air, figés dans ce sourire donnant l'illusion qu'ils le font pour le plaisir. 

Avant la tuerie, les spécimens jugés "intéressants" et "prometteurs" sont en effet sélectionnés, enfermés dans des enclos, puis vendus à des acheteurs du monde entier pour des centaines de milliers de dollars. Les autres seront trainés dans une petite crique à l'écart et totalement inaccessible au public et tués jusqu'au dernier, les mères tentant de protéger leurs petits et les membres du pod de secourir leurs compagnons puis succombant à leur tour sous les coups. Ils seront ensuite dépecés et vendus comme viande de baleine, parce que au Japon, personne ne mange de dauphin.

La réalité des delphinariums, ce sont des animaux tournant en rond dans leur malheur et dans des bassins totalement inadaptés à leurs besoins et à leur physiologie. Des animaux dont les poumons, la peau et les yeux est lentement brûlée par le chlore des bassins, des animaux à l'ouïe ultra-sensible rendus fous par les cris du public et la musique assourdissante. Des animaux qui ont vu leurs frères de coeur massacrés par des lances, senti leur sang couler et entendu leurs cris de terreur et d'agonie. Des animaux dont l'espérance de vie est réduite de moitié, et ce s'ils ne sont pas morts pendant le transport ou pendant leurs premiers jours d'enfermement. Des animaux bourrés de médicaments et drogués aux antidépresseurs pour leur faire supporter la captivité.

Ric O'Barry, aujourd'hui grand défenseur des cétacés et ancien dresseur de la série Flipper, raconte le suicide de Kathy, l'un des dauphins femelles jouant Flipper (à la fin de la série, devenus inutiles, ils ont été revendus à un parc aquatique) : 

« Elle était vraiment déprimée… Il faut comprendre que les dauphins et les baleines ne respirent pas inconsciemment comme nous. Chaque souffle qu'ils prennent est un effort conscient. Ils peuvent mettre fin à leur vie à chaque fois. Elle a nagé dans mes bras et m'a regardé droit dans les yeux, pris une grande inspiration et n'en a pas pris une autre. Je l'ai laissée aller, et elle a coulé sur le ventre au fond de la cuve. »

Les larmes coulent sur mes joues quand je pense à ce qu'elle a fait, à ce que vivent chaque jour dans ces prisons des animaux suffisamment intelligents et conscients de leur sort pour décider que leur vie est devenue trop insupportable pour continuer à respirer.

Sans les parcs d'attraction, les tueries de dauphins ne seraient pas rentables et cesseraient d'exister. En France, trois parcs détiennent des dauphins : Planète Sauvage à Port-Saint-Père près de Nantes, le Parc Astérix au nord de Paris, et Marineland à Antibes (orques et dauphins). Alors si ce que je viens de vous raconter vous remue, et pour y mettre un terme une bonne fois pour toutes, aidez l'association C'est Assez. Vous pouvez bien sûr adhérer (à partir de 3 €), mais surtout participer aux différentes actions en cours, et en particulier l'Opération Oblitération. C'est un courrier adressé à la ministre de l'Ecologie et visant à changer la loi française en matière de delphinariums. Certains pays les ont déjà interdits, c'est possible, il faut juste avoir suffisamment de signatures pour se faire entendre et peser dans la balance. L'objectif est d'avoir 50 000 signatures en décembre, alors lancez-vous et diffusez un maximum ! Le format papier à renvoyer peut paraître un peu archaïque, mais l'idée est vraiment de littéralement boucher la boite aux lettres de Madame la Ministre.

Et puis regardez absolument The Cove (La Baie de la Honte), tourné clandestinement façon film d'espionnage et qui vous fera comprendre en profondeur ce qui se passe à Taiji. Le DVD  ne coûte pas bien cher, et vous pouvez aussi en visionner des extraits ou l'intégralité sur You Tube.  









25 juin 2015

Nantes en images

Je me rends compte avec effarement que mon dernier post date du 28 mai. Et en plus, ça ne se mangeait même pas, et celui d'avant non plus. Bref, la honte totale pour une blogueuse culinaire. En fait, comme je ne travaille pas en ce moment, je suis très occupée par plein de choses et rencontres passionnantes, ET je n'ai encore une fois à ma disposition qu'une kitchenette, c'est-à-dire un endroit qui n'incite ni à s'y attarder, ni à se lancer dans de grandes expérimentations culinaires.

Il y a un truc que je fais en quantité par contre depuis que je suis arrivée à Nantes, c'est des photos, alors aujourd'hui, je vous offre un vrai post de flemmarde et une petite visite en images de la ville... 





























28 mai 2015

Deux pour le prix d'un

Vous allez sûrement dire que je radote et que je passe beaucoup trop de temps dans ma voiture en compagnie de mon GPS schizophrène, mais je tenais vraiment à partager avec vous ma découverte d'une nouvelle spécialité nantaise. Pas le gâteau nantais, non (que, au passage, j'ai l'intention de véganiser très prochainement ; toutes les excuses sont bonnes pour acheter une bouteille de rhum), ni les mignonnes rigolettes, lesquelles ne doivent pas être mangées en rigolant afin d'éviter d'en avaler une de travers. Je veux parler du double rond-point, ou pour bien parler, du double giratoire. 

Le rond-point à trois voies (mention spéciale à celui de la porte d'Ar Mor, que j'évite maintenant comme la peste et le choléra réunis) m'avait déjà plongée dans une certaine perplexité quant à son fonctionnement (je ne parle pas de ce qui est marqué dans le code de la route mais de ce qui arrive pour de vrai, dans la vie réelle). Et voilà maintenant le double rond-point. Pas deux rond-points très rapprochés et séparés par trois mètres de goudron et quatre pots de fleurs, non, des jumeaux, des siamois même, seulement séparés par quelques pointillés de peinture blanche.

D'en haut, ça doit ressembler à deux seins dans leur soutien-gorge, ou à deux oeufs au plat, mais on évite de parler d'oeufs au plat ici, forcément. Deux boules de glace dans un cornet. Deux... ok, j'arrête. 

Le problème, c'est bien sûr quand, par inadvertance, on se retrouve engagé, en compagnie de sa voiture, sur l'un de ces dispositifs. L'idée est apparemment que ça fonctionne comme un seul rond-point. On tourne, on tourne, et on cède la priorité au gars de gauche. Et si on a le mauvais goût de vouloir accéder au deuxième rond-point, on pile en plein milieu pour laisser passer le fameux gars de gauche, en espérant que le gars de derrière n'est pas en train de se recoiffer ou de jouer à Candy Crush sur son portable. 

Question, donc : le double rond-point est-il vraiment une bonne idée ? En cherchant un peu sur internet, le site de La Dépêche m'informe qu'ils pouvaient donner lieu à "des incompréhensions dangereuses" et semble presque regretter l'évitement de justesse d'une "superbe collision frontale entre deux véhicules" sur le double giratoire situé au croisement des avenues Charles-de-Gaulle et Maréchal-Joffre d'Albi (je précise parce que je sens que ce détail intéresse absolument tout le monde), le tout causé par une petite vieille qui avait juste pris le rond-point dans le mauvais sens en sortant de la gare (un détail, en somme). Quand on rajoute là-dedans des vélos et des passages pour piétons, je pense que ça doit pouvoir devenir assez sympa. 

Heureusement, le site de La Nouvelle République est venu à mon secours pour m'expliquer en termes clairs comment aborder ces carrefours. Je cite : "Sur un double giratoire, les deux mouvements en tourne-à-gauche s'effectuent "à l'indonésienne". Voilà. Tout est dit. 




En continuant de farfouiller, j'ai aussi trouvé quelque chose qui fait passer mes deux boules de glace pour de la rigolade à la portée d'un bambin en tricycle : le célèbre rond-point de Swindon en Angleterre, joliment nommé The Magic Roundabout (Le Manège Enchanté) :




Cité en 2007 par la BBC News comme "l'un des dix carrefours les plus effrayants du Royaume-Uni", il a été dessiné dans l'objectif de fluidifier le trafic à ce carrefour très fréquenté, et apparemment, ça marche, du moins si vous arrivez à ne pas faire une crise cardiaque en plein milieu. Selon Wikipédia, et pour rester dans les termes simples et compréhensibles, "le trafic qui circule autour du petit giratoire intérieur se fait dans le sens trigonométrique tandis qu'il se fait dans le sens horaire dans les cinq micro giratoires et dans la boucle extérieure". Si avec ça vous n'avez pas compris, je ne peux plus rien faire pour vous. 



18 mai 2015

Le tour du rond-point

Il y a quelqu'un dans ma vie en ce moment. Je l'ai jamais vu, mais on se parle tous les jours. Enfin, lui, il parle, beaucoup, et je l'écoute. Je l'écoute, et je fais tout ce qu'il me dit, mais d'une façon ou d'une autre, on finit presque toujours par se disputer. Hier soir, quand il m'a une fois de plus démontré que je ne pouvais pas lui faire confiance, je lui ai dit qu'il m'avait beaucoup déçue, et je suis rentrée sans lui.

Je suis en couple avec mon GPS. 

Dans le temps, quand on arrivait dans une nouvelle ville, on passait à peu près 50% de son temps éveillé à essayer de mémoriser le plan de la ville pour aller de A à B en moins de trois semaines et sans passer par Madrid, et les 50% restants à se perdre. Et puis est arrivé le GPS, et tout a changé. Hier, en écoutant mon GPS, j'ai fait Carquefou - Nantes en passant par Ancenis. Ceux qui connaissent apprécieront. Fraîchement arrivée de Chamonix via Les Manins, Hautes-Alpes, 5 habitants, je suis légèrement tétanisée par le périphérique aux heures de pointe ou les rond-points à trois voies (qui a inventé ça ?), et j'ai l'impression que la majeure partie du temps que je passe en voiture, soit j'ai la bouche ouverte avec un air particulièrement intelligent, soit je suis en train de prononcer la phrase suivante : "Ah, merde, c'était là."

Le premier constat, c'est que la voiture est déjà LE lieu où on s'engueule le plus quand on est en couple. Parce que, déjà, le comportement de chacun au volant est une source inépuisable de conflits et d'ailleurs pour moi un test essentiel au début d'une relation. Pour résumer, sont éliminés d'office les abrutis qui roulent trop vite, prennent des risques et en font courir aux autres, s'excitent sur les gens qui osent rouler aux vitesses autorisées, pensent que les règles sont faites pour les emmerder, et d'une façon générale se comportent comme si ils avaient toujours un train à prendre ou oublié de couper le gaz. Et d'autre part, dès qu'on embraye sur un sujet conflictuel, on est coincés ensemble dans une petite boite sans possibilité d'en sortir.

Alors forcément, quand une voix mâle (faudrait faire un sondage pour voir si la plupart des filles mettent une voix de gars, et vice versa. Perso, j'ai pas envie qu'une greluche avec une voix de Miss Météo me dise de faire le tour du rond-point) vous enjoint, en pleine voie rapide, de tourner immédiatement à droite, alors qu'à droite, c'est un champ de betteraves, eh ben le ton peut monter assez rapidement. 

Aussi, on a beau savoir que c'est juste une voix enregistrée et donc totalement dénuée d'émotions, que vraiment, non, il y a pas un petit type dans la boîte en train de s'énerver et de manger son chapeau parce que ça fait trois fois qu'on loupe la sortie, rien à faire, on finit par entendre comme une pointe d'agacement ou de désapprobation. "Faites demi-tour dès que possible. " (Bon sang mais quelle courge celle-ci, je lui ai pourtant dit de prendre la troisième à gauche) - "Sortie imminente !!!" (Genre, 2 km avant...). - "Prenez la sortie. Prenez la sortie ! Prenez la sortie !!!"

Pour rire un peu avec ce demi-tour à faire dès que possible, une petite histoire édifiante trouvée sur la toile. Et la dame est belge, oui, mais c'est une pure coincidence.

La vraie catastrophe, quand même, ce sont les travaux et les nouveautés. Ce sacré boitier a beau passer 10 minutes tous les trois jours à télécharger on ne sait quoi en provenance des boîtes de conserve qui tournent au dessus de nos têtes, il découvre ébahi l'existence de cette jolie route ou de ce rond-point, et panique totalement lorsque confronté à des travaux. La petite flèche tourne, vire et cherche en vain quelque chose de familier dans ce paysage chaotique, vous abandonnant à votre triste sort et vous forçant à décider d'une direction qui s'avèrera bien sûr toujours mauvaise.

Ce que je préfère, c'est quand je sors ma voiture du parc relais, après un long trajet amusant en tramway. Je sais pas pourquoi, l'endroit le perturbe, il sait pas ce qu'il veut : "Tournez à droi.. Tournez à gauche. Tournez à droite !". Avec un peu de chance, je me suis récupéré un GPS schizophrène.



 

6 mai 2015

Pavlova aux fraises

Puisqu'on ne parle plus que de ça dans la blogosphère végane, et ayant de nouveau pour quelques jours accès à un batteur électrique, je me suis moi aussi finalement lancée dans la meringue de pois chiches, et j'ai eu le bonheur de constater que oui, ça marche, c'est facile, pas cher et totalement bluffant au niveau de la texture.

N'ayant pas de robot multimachin (un jour, peut-être...), j'ai fait ça au batteur à oeufs de base, m'attendant à devoir y passer un certain temps, mais en 10 minutes, j'avais une texture parfaite, et assez de meringue pour une pavlova d'anniversaire. Pas de bougies, mais une belle meringue légère et croquante, de la crème fouettée et des fraises bien mûres. Le mieux, c'était la tête de ma grand-mère quand elle a appris avec quoi c'était fait...




Pour la meringue, j'ai utilisé la recette de VG-Zone, sans ajouter d'arôme ou de colorant, avec 100 g de jus de pois chiches bien froid (même pas le contenu d'une petite boite), 200 g de sucre glace, quelques gouttes (pas plus !) de vinaigre de cidre (ou citron), et c'est tout.

Une fois que votre meringue est prête, vous la collez dans une poche à douille et formez un cercle de la façon qui vous plaît, avec ou sans cannelures, sur une plaque recouverte de papier cuisson. Ca peut être une bonne idée de commencer par dessiner un vrai cercle au crayon, ça vous évitera de vous retrouver comme moi - qui ai tendance à réfléchir après, quand c'est un peu tard - avec un truc entre l'ovale et le n'importe quoi.

Ajoutez ensuite un deuxième cercle uniforme à l'intérieur du premier (j'aurais du prendre des photos mais j'étais un chouïa pressée et j'avais de la meringue un peu partout).

Cuisson (dans un four à chaleur tournante) : 1H10 à 110 °C. 

Laisser refroidir, décoller délicatement, poser sur un joli plat, remplir l'intérieur de crème fouettée végétale (ici du Rice Whip), ajouter des fruits frais au milieu, et déguster. 

Prochaine étape : tester ma recette de guimauves avec le jus de pois chiches...

9 avril 2015

Et plus si affinités

Véganes non-célibataires de tous les pays, vous ne connaissez pas votre chance. Au vu des statistiques, on est pas les seuls à avoir du mal à trouver l'amûûûr, mais il faut avouer qu'on se retrouve quand même avec un bon gros degré de difficulté supplémentaire. J'avais disserté ici des aléas des rencontres en ligne et du désastre que peut constituer un premier rendez-vous avec un non-végane, et je voudrais revenir un peu sur ces fameux sites de rencontre et ce qu'on y trouve (le problème étant finalement plutôt ce qu'on y trouve pas, d'ailleurs). Forcément, comme je suis une fille hétéro, ce que je vois passer, c'est des profils et des messages de mecs, et j'ai deux ou trois petits trucs à dire sur le sujet.

D'abord, les phrases et expressions que je ne peux simplement plus voir en peinture dans les annonces :

"Je croque la vie à pleines dents" (et encore, là, je vous la fais sans fautes d'accord et/ou d'orthographe). Ca m'agace encore plus que "droit dans ses bottes", "au jour d'aujourd'hui",  et la pub pour les montres au moment du changement d'heure, c'est dire.

"Pour faire un bout de chemin ensemble". C'est sûr que si on part déjà du principe qu'on n'en fera qu'un bout, du chemin, et qu'on pliera bagage dès que les choses sont un peu moins formidables, ça donne bien envie.

"Mes amis/ma mère/ma grand-tante me décrivent comme quelqu'un de [insérer une série d'adjectifs, de préférence flatteurs]". Honnêtement, on s'en fout. On constate surtout que le gars n'a rien à dire, et on baille déjà.

"Pour une relation sans prise de tête". Traduction : tout ce qui m'intéresse c'est de coucher avec toi et de me barrer après. Et si tu pouvais éviter de parler, aussi, ça serait vraiment top.

"Chieuses et hystériques s'abstenir". Pourquoi ne pas commander directement une poupée gonflable, elles sont très conciliantes paraît-il. Une fois, j'ai même vu "végétariennes s'abstenir". Je me suis bien marrée. On sentait le carnivore traumatisé par une précédente rencontre.

La palme de la nullité revient bien sûr à "et plus si affinités". Que quelqu'un décide encore de mettre un truc aussi usé, aussi ringard, aussi nul, personnellement, ça me dépasse.


Mais poursuivons notre tour d'horizon avec ces quelques comportements particulièrement horripilants:

- flasher/envoyer un clin d'œil/etc. plusieurs fois à la même fille alors qu'elle ne répond pas et n'est donc manifestement pas intéressée. Déjà, elle était pas intéressée à la base, mais un comportement de gros débile comme ça, ben ça va sûrement la faire changer d'avis. Même chose pour la succession de messages à sens unique. Euh, si elle te répond pas, gars, c'est qu'elle a pas envie, et ton cinquième message limite agressif a peu de chances d'inverser la tendance.

- les messages incluant les mots "charmante" et  "demoiselle".

- l'absence de photo sur le profil. Accompagné éventuellement d'excuses à deux balles du style "je suis prof et mes élèves pourraient me reconnaître", "mon ex/ma mère/ma grand-tante est inscrite sur le site", "j'en ai aucune de récente". Le gars t'a contactée, très souvent, uniquement à cause de ta photo (tu constates assez vite qu'il n'a absolument pas lu ton annonce), mais il trouve ça normal de ne pas en mettre. De toute façon, il explique, la beauté est intérieure.

- les photos de profil super moches. Le principe du site de rencontre, il me semble, c'est de rencontrer quelqu'un. Et donc, pour arriver à ça, de commencer par plaire à quelqu'un. Ce qui ne risque pas d'arriver quand :

a) la photo est floue
b) on tire une tronche de trois kilomètres
c) on est de dos
d) à contre-jour
e) assis sur un canapé très moche et couvert de bordel
f) manifestement bourré

- les photos avec accessoire visant immanquablement à cacher un truc. Chapeau ou bonnet = calvitie. Casquette = coupe de cheveux improbable. Casque audio = oreilles décollées (avec au passage la petite touche DJ qui fait craquer les filles, c'est bien connu). Lunettes noires = gros nez. Passe-montagne = probablement un mix des précédents (parce que oui, on peut tout à fait avoir une calvitie et une coupe de cheveux improbable). D'accord, vous êtes complexés par un truc, mais le principe, c'est pas d'être aimé pour ce qu'on est, défauts compris ?

- les mensonges sur son âge, son travail, l'endroit où on habite ("mes élèves pourraient me reconnaître"), l'existence d'enfants, voire d'une compagne ("non, mais, euh, c'est compliqué, tu vois…"). C'est quoi, l'intérêt, exactement, vu que comme pour la calvitie, on va bien finir par s'en apercevoir ?

Bien sûr, tout ça n'engage que moi. Il y a sûrement des tas de filles un peu partout qui ne sont pas du tout agacées par ce que je viens de citer (faut espérer, parce que sinon, le taux de célibataires ne risque pas de baisser…).  Je terminerai quand même avec un principe de base : l'essentiel, pour séduire une fille, c'est de la faire rire. Pas grave si vous ne faites que des blagues niveau Carambar, tout le monde ne s'appelle pas Jamel Debbouze, ce qui compte, c'est qu'elle les trouve drôles.