Alors bien sûr, c’est quand même assez rare de passer directement d’omnivore sans
scrupules à végane, même si ça c’est vu, des cas de conversion fulgurante, par
exemple après avoir regardé Earthlings
ou un autre truc du genre qui vous aura bien retourné le cœur et le reste. La
plupart d’entre nous, tout de même, sont passés par la case végétarisme, voire
végétalisme avant de faire le grand saut. La transition se fait parfois petit à
petit, en éliminant d’abord le cuir, puis les cosmétiques testés, puis ce
chandail tricoté par mamie qu’on aimait tant, puis les croissants du petit déjeuner,
et ainsi de suite, ou bien d’un coup, sur une impulsion, en éliminant
brusquement de son foyer tout ce qui a trait de près ou de loin à
l’exploitation animale (bon, pour ça, mieux vaut avoir gagné au Loto quand
même).
Si cette transition s’est faite
progressivement, votre entourage devrait être plus ou moins préparé, même si ça
ne vous empêchera pas d’être informé, en vrac, qu’il faut absolument manger du
fromage « pour les omégas 3 » [sic], que le soja rend stérile et que tous
les végétaliens ont les dents qui tombent après 40 ans. Votre mère, très
attachée à ses pulls en pure laine vierge, vous mettra en garde sur les méfaits
des chaussures sans cuir et des couettes sans plumes. Votre grand-mère simulera
un malaise lorsque vous lui apprendrez que non, plus jamais vous ne mangerez
son célèbre saucisson brioché (ça fait déjà quatre ans que vous êtes
végétarien, mais elle fait semblant de ne pas être au courant à chaque fois que
vous allez la voir). Les personnes qui avaient plus ou moins accepté de ne pas
vous voir manger de viande s’étonnent : « Mais le lait, ça leur fait
pas de mal, ça, le lait ? Si ? ». Si.
Et alors si vous y allez d’un
coup, là, je vous dis pas, il y a des chances pour que votre liste d’amis sur
Facebook fonde comme neige au soleil, ce qui n’est probablement pas très grave. Vous pouvez adapter votre coming out au
public visé et à l’occasion : un petit mot sur les réseaux sociaux pour
ceux qui en font partie ; un dîner pour expliquer plus en détail aux amis
proches ; et un repas de famille pour… la famille, histoire de mettre un
peu d’ambiance autour de la galette des rois.
L’avantage de cette explication
claire de ce que vous êtes et de ce en quoi vous croyez, c’est d’abord de
rendre le véganisme visible. Etre un végane « caché » n’aide pas le
reste de la population à prendre conscience de notre existence et de nos valeurs.
Et d’autre part, elle facilitera considérablement votre vie sociale, en évitant
les explications embarrassantes suivant chaque invitation à dîner ou les
cadeaux 100% non véganes que vous devrez accepter par politesse en grinçant des
dents.
C’est aussi la meilleure des
façons de faire des émules autour de vous. Très honnêtement, il y a peu de
chances que vous convainquiez quelqu’un dans la rue juste avec votre beau
tee-shirt « Proud to be vegan » rapporté du dernier VegFest. Par
contre, en expliquant vos motivations et en discutant calmement avec vos amis
et votre famille, il y a de fortes chances pour que chez au moins quelques uns
d’entre eux, une petite graine soit semée et que, qui sait, ils décident un
jour de tenter à leur tour l’aventure.
Des gens vont probablement
disparaître de votre vie, mais d’autres vont apparaître, avec qui vous partagez
enfin les choses essentielles, avec qui vous vous sentez, enfin, totalement libre.
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