2 novembre 2012

Pour vraiment tout savoir sur la B12

J'avais publié l'année dernière l'excellent article de David Olivier expliquant comment la vitamine B12 présente dans les produits d'origine animale provenait en fait de suppléments, les méthodes d'élevage moderne, trop aseptisées, ne permettant plus aux animaux de produire cette vitamine de façon naturelle.
 
Les véganes, en se supplémentant, ne faisaient donc que prendre directement le supplément, au lieu de tuer un animal servant de "relais".
 
Exposé que je me suis empressée de resservir à tous les omnivores casse-pieds qui me balançaient le "problème de la B12" dans les gencives. Imparable.
 
Pour pousser un peu plus loin la compréhension sur cette fameuse B12 dont on parle tant chez les véganes, et comme je suis gentille, je vous ai traduit un article très intéressant du Dr Stuart A. Seale, un médecin américain co-auteur de deux livres, The 30 Days Diabetes Miracle et The Full Plate Diet : Slim down, look great, be healthy. Article trouvé sur le blog Choosing Raw.
 
"Pour les personnes s’alimentant de façon végétarienne ou végétalienne, il est courant que leur famille ou amis posent des questions concernant les apports nutritionnels, en particulier sur des points qui ne sont pas encore officiellement établis. « Où trouves-tu des protéines ? », ou « Il faut boire du lait pour le calcium ! » font partie des choses que l’on entend le plus souvent. Dans la même veine, lorsqu’ils apprennent qu’il est recommandé aux végétariens, et tout particulièrement aux végétaliens de se supplémenter en vitamine B12, beaucoup s’empressent de conclure qu’une alimentation végétale est inférieure d’un point de vue qualitatif. Après tout, si ce type d’alimentation est si bénéfique pour la santé, pourquoi est-ce qu’elle ne procure pas tous les nutriments et micronutriments nécessaires ? Cette question de la B12 est source d’une certaine confusion, y compris parmi les végétaliens eux-mêmes. Intéressons-nous donc aux données scientifiques relatives à cette vitamine, afin de tordre le cou aux idées fausses circulant à son sujet.
 
La vitamine B12 a une fonction de cofacteur dans de nombreux processus physiques et métaboliques essentiels au bon fonctionnement du corps humain. Elle joue un rôle dans la production des globules rouges, et une déficience peut mener à une anémie mégaloblastique. Elle est également indispensable au bon fonctionnement du système nerveux. Si elle vient à manquer, on peut assister à l’apparition de nombreux symptômes tels qu’une perte de la sensibilité dans les membres, de la fatigue, des tremblements, des problèmes d’équilibre, des sautes d’humeur, voire même de la démence. Il a également été démontré que la vitamine B12 a une action bénéfique sur le système vasculaire en réduisant le taux d’homocystéine dans le sang. Un taux élevé de cet acide aminé peut endommager les artères, augmentant les risques d’AVC et de crise cardiaque. Des recherches sont actuellement en cours sur d’autres actions possibles de cette vitamine, comme la réduction des risques de cancer du sein et de récidive d’AVC ou la baisse du taux de cholestérol.
 
La vitamine B12 est un micronutriment essentiel pour les humains, « essentiel » signifiant qu’il doit provenir de sources extérieures ; nous n’avons pas la capacité à le produire dans notre corps à partir d’autres nutriments. Cette vitamine doit donc être apportée par l’alimentation, ce qui peut être considéré comme un obstacle à un régime végétarien, étant donné qu’il n’existe pas de source fiable de B12 dans les végétaux. On ne la trouve que dans les aliments d’origine animale, la viande, les œufs et les produits laitiers.
 
Est-ce que cela signifie que nous ne somme pas destinés à être végétariens, et qu’une alimentation végétale est inférieure ? Afin d’apporter une réponse à ces questions, nous devons nous intéresser à la source ultime de la vitamine B12 : les bactéries. Cette vitamine n’est fabriquée dans la nature que par des bactéries se trouvant dans la terre, dans le tube digestif supérieur d’animaux ruminants (vaches, moutons, chevreuils, etc.), et également dans le tube digestif inférieur des autres animaux. Dans le cas des ruminants, la B12 fabriquée par les bactéries résidant dans leur estomac peut ensuite être absorbée par les tissus. De plus, la nourriture qu’ils ingèrent est contaminée par de la terre, laquelle contient de la B12. Les animaux d’élevage reçoivent également des suppléments de cette vitamine pour accélérer leur croissance. Les animaux sauvages non ruminants mais non carnivores semblent se procurer cette vitamine grâce à la terre qu’ils ingèrent avec leur nourriture. Pour les animaux sauvages carnivores, la B12 est fournie par le foie (lieu de stockage de la B12 en excès chez les animaux) et par les bactéries contenues dans les intestins de leurs proies.
 
Les recommandations journalières de B12 pour les humains sont minimes, et dans le passé, lorsque nous ne vivions pas encore dans une société aseptisée et « germophobique », il est vraisemblable que la terre et les bactéries présentes sur les aliments végétaux suffisaient à nous procurer toute la B12 nécessaire. Aujourd’hui, nous évoluons dans un environnement bien plus hygiénique et dénué de bactéries, et nos terres arables sont également de plus en plus stérilisées. Bien sûr, il existe toujours une production de B12 dans le système digestif inférieur des animaux, humains compris, mais nous n’avons pas la capacité à l’absorber. Il semble cependant que la plus grande partie de la vitamine B12 présente dans les aliments d’origine animale provient d’une contamination par les bactéries intestinales durant la mise à mort.
 
De nombreuses études nutritionnelles montrent quels sont les bénéfices d’une alimentation à base de végétaux non raffinés, même en l’absence de produits d’origine animale. Les humains peuvent tout à fait se nourrir exclusivement de plantes, et rester en parfaite santé. Dans les sociétés agraires traditionnelles, où les terres riches en bactéries étaient travaillées à la main, il n’y avait pas de risque de carence en B12, apportée par les restes de terre présents sur les plantes consommées et par le contact de la peau avec cette terre. Le problème de la nécessité d’une supplémentation en B12 pour les végétaliens n’indique donc pas qu’une alimentation exclusivement végétale soit inférieure ou mauvaise pour la santé. Il n’y a en réalité aucun lien entre les deux. Le fait que les végétaliens d’aujourd’hui aient besoin de se supplémenter en B12 vient de la stérilité de notre environnement, pas de la qualité nutritionnelle de ce que nous mangeons. Ce ne sont pas les humains qui ont changé, mais leur environnement."
 
 

6 commentaires:

  1. Apparemment on peut trouver de la B12 naturellement dans les algues...

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    1. Hum, non, il s'agit a priori uniquement d'analogues inactifs et non assimilables, qui peuvent en réalité prendre la place de la B12 active dans le corps, empêcher une bonne absorption de cette B12, et d'autre part fausser les tests sanguins en masquant une carence.

      Il y a des articles très fouillés sur la question sur le site veganhealth.org, et un autre très bien et en français ici : http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article191

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  2. Très intéressant, je me posais la question depuis ton premier article et ça correspond à ce que j'avais imaginé.
    Et j'ai un bouquin sur le soja datant des années 80 où on pensait encore qu'il y avait de la B12 dans le soja fermenté type miso ou tempeh, et maintenant on sait que ça n'est pas de la "vraie" B12.

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    1. Oui, ils parlent entre autres du tempeh dans les articles sur veganhealth.

      Bon, à part ça, on tombe encore sur des tas de sites où il est expliqué que l'histoire de la B12, c'est juste un complot des lobbies de la viande et du lait, ou qu'il suffit de manger ses légumes avec de la terre dessus...

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    2. ce qui est plus facile quand les légumes sont bio ou viennent du jardin (bio lui aussi)....
      j'ai lu un article qui disait que de nombreux végétaliens ont un taux de vit B12 qui baisse en dessous de la normale certes mais se stabilise ensuite sans aucun signe de carence...d'ailleurs, je ne sais pas où se cachent tous les végétaliens malades de déficit en vit B12 qu'on nous promet!!! merci pour cet article qui remet bien les choses en place...au total: manger le plus varié possible, naturel, à l'état brut le plus possible, et avec amour pour les aliments et mets préparés,pour cette nourriture sans cruauté...

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    3. Personnellement, j'ai du mal à comprendre qu'on préfère manger de la terre (avec tous les risques que ça comporte) plutôt que de se supplémenter, et d'autre part, la raison pour laquelle il y a peu de végétaliens carencés en B12 est probablement qu'ils se supplémentent ! L'immense majorité des végétaliens occidentaux vit aux Etats-Unis et en Angleterre, et là-bas, beaucoup de produits comme le lait de soja ou la levure de bière sont enrichis en B12.

      Après, chacun est bien sûr libre de faire ce qu'il veut :)

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